Boxe me up and ship me home

Le projet WUE (Welttunterganserlebnis) est la proposition d’une
peinture murale et d’un dessin se trouvant sur un même plan. Fort
de la digestion de la peinture A Bigger Splash de David Hokney,
le dispositif WUE revient sur cette grande éclaboussure fixée
dans le nec plus ultra de la lumière Californienne. La réification du
décor planté autour du plongeon n’est plus l’ensemble des forces
objectives de la peinture, mais une peinture devenue bonne ou
mauvaise.





















L’état de chose incarnée ici dans une forme picturale se présente
à la façon d’un éclaté en mécanique. Suivant les quatre pans de
murs disponibles de la chambre, j’ai emprunté quatre couleurs
dans la palette de la peinture de David Hokney. Le nuancier
diminué de WUE s’attache aux couleurs du tableau formant des
plans horizontaux et verticaux. Ce sont des indices qui encadrent
cette peinture de la Nouvelle Subjectivité, mais aussi les limites
matérielles d’une objectivité. Dans la forme réifiée de mon dispositif,
il s’agit d’un jaune correspondant au plongeoir, l’élément permettant
l’introduction du sujet. Il est représenté à l’effigie d’une vraie planche
dans l’échelle des standards. En face, un aplat surligné au crayon
représente la couleur de l’eau de la piscine: Ses dimensions sont
celles de la peinture qui se trouve à la Tate Britain. Sur les références
horizontales viennent s’ajouter les verticales. A droite de la fenêtre,
un aplat surligné au crayon répète le format initial, cette fois-ci à
l’échelle ¼: Sa couleur est celle de la bande couleur marine où se
trouvent les skimmers (meurtrières d’évacuation d’eau) du bassin.
Elle est le repère de la surface de l’eau dans Bigger Spash. Enfin
sur le mur en vis-à-vis, un aplat de couleur terre surligné au crayon
redimensionné à l’échelle ½, témoin du pan de mur ocre de la
maison. Chaque motif est aux proportions du format du Bigger
Splash. Répété trois fois et s’adaptant aux murs, il se positionne
successivement au centre des surfaces en question.





















Image 1 & 2: Ives Klein 1961
Image 3  : David Hockney, A Bigger Splash, 1967, acrylique sur toile, 242,6 x 243,8 cm, Tate Britain, Londres
Image 4: Motif BSW1
Image 4: Motif BSW1 en situation, peinture acrylique, mine 7B , 243 x 243 cm, Hôtel Burrhus Vaison-la-Romaine, 2016
Image 5: Motif DBW1 en situation face au motif BSW1, peinture acrylique, 230 x 46 cm, Hôtel Burrhus Vaison-la-Romaine, 2016

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Résultat de recherche d'images pour "9/11"



Pour Joseph Gabel, cette notion de mission divine fait partie intégrante de la perception
schizophrène du changement historique dans le monde réel. Gabel voit un lien entre
«le syndrome de la cause externe et le sentiment morbide de fin du monde [WUE]…
Par conséquence, quand l’événement s’impose à une conscience réifiée, cette dernière
rend cela évident au moyen d’une double technique d’enténébrement partiel: du point de
vue de l’explication causale, elle interprète cela comme un acte dû à une force
extérieure ; au niveau de l’expérience vécue, elle le ressent soit comme une catastrophe,
soit au contraire comme une irruption soudaine et significative (et toujours hétéronomique)
dans le vide axiologique [vide de valeurs] du monde lui-même: une mission divine.
Bref, comme une crise de folie, la WUE est une crise axiologique, une sorte de tempête
de valeurs aux frontières entre deux atmosphères axiologico-dialectiques de densités
différentes… Une connexion est donc créée entre le rationalisme morbide et le phénomène
d’expérience de fin du monde. C’est en tant qu’aspect du mode anti-dialectique de
l’être-dans-le-monde que l’on peut mettre la WUE dans la même catégorie que la
perception morbide, les hallucinations et les autres éléments de l’expérience
sous-réaliste». L’hétéronomie est le contraire de l’autonomie ; c’est un état d’aliénation
produit par le fait que nous sommes dirigés par des forces extérieures, par exemple la
manipulation des traumatismes de notre passé.

Extrait de 9/11 Synthetic Terror, Made in USA de Webster G. Tarpley

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Résultat de recherche d'images pour "JOSEPH GABEL La Réification ESSAI D’UNE PSYCHOPATHOLOGIE DE LA PENSÉE DIALECTIQUE"

JOSEPH GABEL
La Réification
ESSAI D’UNE PSYCHOPATHOLOGIE DE LA PENSÉE
DIALECTIQUE

Extrait (Chapitre I)

L’aliénation ou plus exactement la réification des activités humaines est donc un fait social,
et aussi un fait intérieur contemporain précisément de la formation de la vie intérieure et
“privée” de l’individu. Une psychosociologie de l’aliénation est possible.
HENRI LEFEBVRE, Le Matérialisme dialectique

Toutefois ce qui porte plus spécialement la signature de la schizophrénie c’est le caractère
rigide, théorique et inhumain de leurs conceptions.
HENRI BARUK, Précis de psychiatrie


DE LA RÉIFICATION EN GÉNÉRAL

La notion de réification est d’origine marxiste; elle occupe une place
prépondérante dans l’oeuvre de deux penseurs bien connus: MM.
Georges Lukacs et Henri Lefebvre. Cependant son importance a
partiellement débordé les cadres du marxisme classique chez un
penseur comme Ch. Mannheim et entièrement chez Heidegger
dont la parenté intellectuelle avec Lukacs a été récemment mise
en évidence par M. L. Goldmann. La question des rapports entre
psychiatrie et marxisme est à l’ordre du jour. Elle a été l’objet d’un
certain nombre de publications, notamment – en France – celles de
MM. Bonnafé et Follin. Ces auteurs situent le problème dans une
large perspective historique. Nous nous bornerons à l’aborder ici
sous l’angle d’un problème très partiel : les rapports du phénomène
réificationnel avec le fait psychiatrique. Ainsi posée, la question a un
double aspect.

D’une part, l’introduction en psychiatrie du concept de réification
permet de mieux comprendre certaines données de la nosologie
classique. D’autre part la réification étant aussi – et avant tout – une
catégorie de la philosophie de la culture, son étude rend possible
l’application en psychologie sociale de certaines données de la
psychiatrie, notamment de la notion de schizophrénisation.C’est là
encore une question de brûlante actualité. Elle a été posée il n’y a
pas très longtemps dans les colonnes de cette revue.Habent sua
fata libelli. L’ouvrage dans lequel Lukacs, encore jeune, a exposé
l’essentiel de ses vues concernant la réification est considéré à
l’heure actuelle par son auteur comme dépassé. Sa position critique
vis-àvis de ce phénomène de pseudo-matérialité qu’est la réification
a poussé Lukacs, très hégélien à l’époque, vers une position
idéalisante. Aussi bien, Geschichte und Klassenbewusstsein n’a
été ni réimprimé ni traduit. Il est donc indispensable de résumer
l’essentiel de ses thèses. Faut-il dire qu’un pareil résumé ne
saurait être fait autrement qu’à vol d’oiseau ? Une pensée aussi
riche que celle de Lukacs est naturellement rebelle à tout essai de
condensation.

Le problème de la réification est étroitement lié à la théorie de
Marx sur le caractère “fétiche” de la marchandise (Fetischcharakter
derWaare).

Selon Marx, le capital est à la fois un objet matériel (machine,
marchandise) et en même temps le centre de cristallisation de
relations humaines. Un instrument peut demeurer matériellement
identique dans deux contextes économiques différents ; il ne sera
capital que dans un contexte capitaliste, c’est-à-dire lorsqu’à travers
lui s’établiront des relations humaines caractéristiques de
la forme capitaliste de la société. Une marchandise, en tant
qu’objet, correspond à un besoin humain susceptible lui aussi de
rester identique à travers les âges. Mais il est, en plus, le substrat
obligatoire d’une certaine forme de production sociale; en tant que
fait social, le vin produit par l’esclave antique n’est pas identique à
celui qui résulte de l’effort productif de l’ouvrier agricole moderne.
Par le fait de son double aspect – matériel et social, substantiel et
relationnel – la marchandise revêt dans l’économie classique un
caractère mystérieux qu’exprime bien la terminologie marxienne. Un
penseur, aussi éloigné du marxisme que N. Berdiaeff, a qualifié de
géniale la théorie du fétichisme de la marchandise et Lukacs y voit
la véritable clef de voûte de l’édifice théorique du marxisme.

La théorie lukacsienne de la réification est étroitement liée à
ces considérations. Lukacs montre que le caractère relationnel
interhumain, donc historiquement passager et relatif (dialectique),
des catégories économiques est masqué par la matérialité du
capital, ce qui lui confère une apparence de “phénomène de la
nature” éternel. 

Un ensemble de catégories économiques, qui en
réalité subit – comme toutes choses existantes – la loi dialectique du
Πάντα, entre par là dans le domaine des choses éternelles.
Il en résulte que l’homme de l’univers réifié vit dans un
monde inhumain. Un chapitre important de Geschichte und
Klassenbewusstsein est consacré à l’étude de la rationalisation en
tant que phénomène réificationnel.

Le travail rationalisé dissocie la personnalité de l’ouvrier; c’est un
facteur d’atomisation. Dans ses livres directement inspirés par la
lecture de Lukacs, Berdiaeff insiste sur cette “atomisation” de la
vie moderne qui prend chez lui rang de catégorie principale de
la civilisation contemporaine et constitue ainsi un des éléments
essentiels de son pessimisme culturel. L’homme du monde réifié
se trouve ainsi en face d’un univers hostile où les produits de
son activité propre lui apparaissent sous l’aspect de puissances
étrangères qui l’écrasent. “Lorsque des hommes deviennent des
instruments, lorsque des activités humaines n’ont que des fins
utilitaires (même masquées par des idéologies justificatives), il y a là
une condition inhumaine”, dit avec force M. Henri Lefebvre.

Cette condition inhumaine se manifestera encore par une certaine
prépondérance de l’aspect quantitatif de l’existence. Le monde réifié
est avant tout un monde de la quantité. “Les valeurs d’usage, les
travaux des individus vivants sont qualitatifs, hétérogènes. Les
valeurs d’échange et le travail social sont quantitatifs... La valeur
d’échange se mesure quantitativement ; sa mesure spécifique est la
monnaie. Le travail quantitatif est une moyenne sociale dans
laquelle disparaissent tous les caractères qualitatifs des travaux
individuels, sauf un qui est commun à tous ces travaux et qui
les rend commensurables: tout acte de production réclame un
certain temps.” Mais ce temps n’est pas la durée concrète de
l’activité créatrice vivante; c’est un temps spatialisé. “La temporalité
perd dès lors son caractère qualitatif, changeant, fluide; elle se
transforme en un continuum rigide bien délimité, rempli de ‘choses’
quantitativement mesurables (qui sont les productions’ de l’ouvrier,
réifiées, objectivées de façon mécanique et détachées de la
personnalité humaine totale), elle se transforme en espace”. Ne
croirait-on pas lire une citation de Minkowski? La temporalité du
monde réifié nous apparaît désormais comme une véritable
temporalité schizophrénique.

Il en résulte une conséquence importante: l’incompréhension
radicale de la conscience réifiée devant le phénomène de l’histoire.
Installé dans un monde où le passé domine le présent et l’avenir, et
dans lequel l’espace a pris la place de la durée, l’homme du monde
réifié ne peut pas comprendre l’histoire dans ce qu’elle a de
créativité et de spontanéité. Dès lors le fait indéniable du
changement se reflète dans la conscience de l’immédiateté
comme une catastrophe, comme un changement brusque venant
de l’extérieur et excluant toute médiation. En effet, la notion
d’événement implique une transformation dialectique de la quantité
en qualité; c’est à la fois une continuation du passé et une rupture
avec le passé. L’existence réifiée, toute en quantité, ne comprend
pas l’événement et y substitue la notion de catastrophe,
conséquence de l’action extérieure. Vue de cette perspective,
l’histoire apparaît comme fonction d’une action démiurgique; une
force extérieure (Dieu, le héros, un parti) y prime l’efficience de sa
dialectique autonome. La conscience réifiée est essentiellement une
conscience anhistorique.

Mais l’univers humain est aussi – et avant tout – un univers des
valeurs. Le monde de dissociation des totalités concrètes, de
spatialisation et de quantification qu’est l’univers réifié sera
nécessairement le siège d’une dégradation des contenus
axiologiques de l’existence. Sa morale sera assez typiquement ce
que l’on appelle actuellement la morale objective; la catégorie de
l’efficience s’y substitue à celle de l’intention morale. Dans le monde
de la rationalisation extrême, l’intention de l’ouvrier, sa vie morale
en tant que personne, importent peu ; pour la société, il ne compte
guère qu’en tant que rouage destiné à accomplir un geste particulier.
Dans un monde réifié, il devient lui-même chose.

Enfin, l’expérience vécue de la réalité réifiée se traduit par une
logique particulière et cette logique se trouve naturellement aux
antipodes d’une logique dialectique. On risque de se méprendre
complètement sur le sens de cet aspect important de la philosophie
dialectique si l’on perd de vue l’étroite corrélativité de termes comme
“pensée non dialectique”, “fausse conscience”, “réification” ou
“aliénation” (dans le sens marxiste du mot); en fait, il s’agit là d’une
même réalité vue sous des angles différents


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Tableau: territoires actuels
Un fauteuil inconfortable : Abstraction et décoration, par Richard Kalina
1997, Editions ERBA, Valence




La perte de la totalité est souvent déplorée dans le monde moderne.

De l’«haussmannisation » de Paris, dans la seconde moitié du XIXe siècle, à la prolifération
étourdissante des réseaux informatiques, à la fin du XXe siècle, les vieilles certitudes et
harmonies semblent se défaire continuellement. Mais là où s’exerce une force, s’exerce
aussi la force contraire. Il s’agit d’abord de la rhétorique politique : le désir de revenir à ce qui
est perçu comme la perfection et la stabilité du passé est commun aux positions
conservatrices et aux diverses formes de nostalgies pastorales. Il s’agit ensuite de la culture,
qui travaille à remplacer des logiques sociales instables par d’autres qui paraissent plus
durables. L’accueil réservé à la psychologie freudienne en fournit un bon exemple. Elle fut
accueillie à des degrés divers comme la nouvelle explication du comportement irrationnel qui
semblait à l’oeuvre dans la majeure partie de la vie moderne. C’était comme si tous
partageaient le sentiment qu’il existe une relation bi-univoque entre le conscient et
l’inconscient. L’insatisfaction et le désarroi étaient redéfinis comme des maladies et, dans la
vision mécaniste du monde moderne, à chaque mal son remède. Il y avait peut-être besoin
d’un guide psychanalytique mais, à force de travail, chacun pouvait découvrir les
correspondances exactes et restaurer son être total. Au lieu d’être perdu, désuet, sans prise
sur les difficultés d’aujourd’hui, le passé (l’enfance, en particulier, dépositaire de l’unité dont
on garde le souvenir) se trouvait sorti de la nostalgie et se voyait attribuer une place active et
signifiante dans la vie. Le passé avait, pour ainsi dire, un emploi.

En art, le modernisme, et en particulier l’abstraction, a rempli une fonction de stabilisation
comparable. À première vue, cela pourrait paraître étrange. Le modernisme n’était-il pas le
paradigme d’un monde chaotique, toujours en révolte, le représentant du désarroi engendré
par la nouveauté ? Il a peut-être été radical, mais « radical » vient du latin « radix », racine,
et il y a dans la radicalité un désir de faire table rase, de retourner à l’essentiel, à la pureté.
La recherche de la pureté dans le modernisme n’est pas limitée au caractère réducteur
platonicien du suprématisme et du minimalisme. Même le futurisme, le plus tapageur des
premiers mouvements modernes, était en quête de clarté viscérale, délirante, du
perpétuellement nouveau, de la vitesse absolue et intégrale.

La pureté implique un contrôle, et l’abstraction s’est révélée particulièrement prédisposée à
s’imposer à elle-même des théories, des explications et des stratégies directrices. En
l’absence d’un sujet ordonnateur directement compréhensible (autre qu’un positionnement
dans l’histoire de l’art), l’abstraction a dû s’ordonner elle-même. Peu importait l’apparence
arbitraire d’une peinture, ses parties devaient se soumettre à une vision centrale unifiée. A
des degrés divers, cette vision apparaissait formelle, psychologique, spirituelle,
épistémologique, phénoménologique ou perceptive ; mais quel que fût l’ordonnancement, la
totalité et l’unité de la peinture étaient maintenues – il pouvait y avoir des thèmes sousjacents
mais l’oeuvre d’art ne présentait essentiellement qu’un seul récit.
Les récits sont intéressants autant par ce qu’ils disent que par leur non-dit ; la beauté est le
fil conducteur dont on remarque l’absence durant la majeure partie de ce siècle. En
revanche, le sublime, revers traditionnel de la médaille, n’a pas fait défaut. Ce n’est pas que
l’art du XXe siècle soit sans attrait, loin de là, mais la Beauté avec un B majuscule, la beauté
apollinienne, a semblé un liant trop faible pour l’oeuvre d’art moderniste. Le sublime
dionysiaque a représenté la force désignée pour détourner la peinture de la représentation
d’un sujet qui inspire la crainte, au profit de royaumes plus autonomes mais tout aussi
puissants. L’invocation et l’évocation du primitif, du moi transcendant, du mystère, de la
dissonance et de l’échelle, ont doté l’art moderniste d’une gravitas qui ne lui appartenait pas
de droit. La beauté était plutôt une réflexion à posteriori – un attribut qui pouvait être accordé
avec le temps, mais non quelque chose que l’on cherchait activement à obtenir. L’oeuvre
moderniste par excellence, Les Demoiselles d’Avignon, peut nous paraître belle, mais sa
beauté vient de l’audace et de la plénitude du concept ; c’est un aspect intégral de la
peinture, une fonction de sa rudesse et de son audace, de sa puissance.
La comparaison avec les peintures de la période rose, antérieures de quelques années, est
très éclairante. Il s’agit de tout autre chose dans ces peintures empreintes du mal-du-siècle,
qui montrent des personnages maniéristes allongés, une virtuosité technique consciente
d’elle-même, et un érotisme maladif et mélancolique. Ici, la beauté semble vraiment la
question. Ces peintures donnent une impression de serre chaude et le terme est adapté car
une serre chaude est l’endroit où l’on peut replanter, faire pousser et étudier les plantes hors
saison. La beauté d’un tableau de la période rose de Picasso est excessive. Elle se tient en
dehors du tableau, comme un signe.

Ce sentiment de séparation, d’analyse et d’excès gît au coeur de ce que représente pour moi
le décoratif dans l’art de la fin du XXe siècle. La perte de la totalité est encore ressentie,
mais la réponse est aujourd’hui différente. La cohésion de l’abstraction, qui a eu cours
pendant près d’un siècle, n’est plus viable, et avec elle s’en est allé le sublime ; car en
dernier lieu le sublime est une expression abstraite de la volonté, de l’individu. « La forme
suit la fonction » n’est pas seulement une expression entièrement usée, c’est une clé du
modernisme. « La forme suit la fonction » implique une nécessité : l’oeuvre d’art est ce qui
est nécessaire, et rien de plus. Il n’y a pas d’excédent de bagage. À la place, il y a l’unité,
l’intégrité, la hiérarchie, la centralité, l’originalité et le moi intégré de l’élément social le moins
réductible : l’individu. Mais qu’est-ce qui est venu prendre sa place ? L’abstraction a développé
une forme nouvelle d’organisation picturale, un ordre syntaxique. La cohésion de la peinture
a éclaté : ses différentes parties ont acquis leur indépendance. Elles fonctionnent en relation
les unes avec les autres dans la contingence et non par nécessité. Il s’est produit
un déplacement : la peinture devient un écran, une arène nivelée où les choses
se fondent provisoirement, maintenues en place par leur fonction dans un schéma
grammatical fugace. Dans ce genre de peinture, la beauté n’est pas une harmonie
vaguement ressentie intuitivement qui souderait l’oeuvre en un bloc ; c’est plutôt
une entité distincte qui a acquis la même autonomie que, par exemple, la ligne, la couleur,
la texture, la gestualité ou la référence historique. Cette beauté autonome, cette qualité
indépendante et clairement reconnaissable, est celle que nous pouvons qualifier de décorative.

Ce qui a été créé est un contenu dépourvu de contenant. Les éléments syntaxiques de la
peinture sont devenus de l’information et, une peinture donnée, la représentation de cette
information. Il y a une analogie avec ce que représente l’Internet, dans le domaine culturel
au sens large. Des structures d’information auparavant autonomes ont été fragmentées.
Leur totalité a été brisée mais au lieu du chaos et de la faiblesse, une structure nouvelle
éclatée a été créée, dotée d’une force plus grande et différente. Elle est lâche, transparente,
imbriquée, susceptible d’être sollicitée de l’extérieur, puis retournée. Il y a des possibilités
narratives, mais pour un récit libre, non dirigé, hypertexte imprévisible, récit séparé des
contraintes mécaniques de la cause et de l’effet. (Ce récit dispersé n’est pas sans lien avec
les notions classiques du décoratif – c’est à dire une répartition de la couleur en à-plats sur
la surface de la peinture, pour créer l’unité picturale ; par opposition à la création d’un
espace logique, hiérarchisé, au moyen de systèmes de perspective et de modulation des
tons.)

Un genre de récit spécifique a longtemps constitué un aspect important des arts décoratifs –
les arts décoratifs, et non le décoratif dans la peinture. Toutefois, les choses changent. Le
récit auquel je me réfère est un récit déplacé car, dans un objet orné, l’ornement raconte
toujours autre chose que l’objet. L’ornement peint sur un vase grec ou gravé sur une poterie
chinoise, par exemple, n’a qu’un lien ténu avec leur forme et pratiquement aucun avec leur
usage. Ces différents récits se trouvent projetés l’un sur l’autre, mais de façon hybride, mal
enregistrée, double. En profondeur, l’objet fonctionne en désaccord avec lui-même. C’est
pourquoi les objets décoratifs sont dépourvus de l’unité qui caractérise habituellement le
grand art. Par parenthèse, c’est cette qualité qui distingue, chez Frank Stella, la première
série de peintures noires, argent et cuivre, des formes décoratives qu’elles évoquent. Il n’y a
pas disjonction entre l’interne et l’externe. Il s’agit d’un seul récit.

La discordance structurelle de la décoration apparaît clairement dans les ornements
architecturaux qui sont là traditionnellement pour corriger l’échelle : s’opposer à la masse
imposante des bâtiments et évoquer la dimension et l’activité humaines de ses habitants.
Les bâtiments ornés, par exemple un gratte-ciel de Louis Sullivan du début du XXe siècle, ou
l’Opéra de Paris de Charles Garnier, du XIXe siècle, présentent cette caractéristique
commune. De par sa nature, l’ornement se distingue de ce qu’il orne. Dans l’architecture
contemporaine, cette séparation et l’excès qui l’accompagne sont très évidents. Les
bâtiments postmodernes de Robert Venturi et de Michael Graves, respectivement l’Institute
for Scientific Information à Philadelphie et le Portland Building à Portland (Orégon), en sont
des exemples. Ce sont des structures assez simples, embellies par une décoration
intentionnellement complexe qui, selon le mot de Venturi, les transforme en « hangars
décorés ». À la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris, Jean Nouvel a séparé
symboliquement du reste du bâtiment la grand façade de verre, pour la placer en avant du
jardin. Il brise ainsi l’unité, change l’extérieur en intérieur, la structure en ornement. Il nous
procure ainsi un plaisir raffiné, de l’ordre de la décoration.
Ce genre de plaisir est un élément clé du décoratif. Étant fondé sur la disjonction, le décoratif
est particulièrement prédisposé au trait d’esprit et à l’ironie, formes d’humour qui nous
déstabilisent subtilement. C’est pourquoi Venturi et Frank Gehry sont des architectes à
l’esprit mordant, à la différence de Mies van der Rohe et de Rietveld ; tout comme Philip
Taaffe est un peintre à l’esprit mordant, et Anselm Kiefer pas du tout.
Le plaisir de la décoration ne provient pas seulement d’une discordance contrôlée, mais
également d’un excès contrôlé. Les Mondrian classiques des années 20 sont bien finis, rien
n’y manque. Mais dans les années 30 et 40, lorsque les lignes se dédoublèrent, que furent
ajoutés des blocs de couleur sans contour sur des peintures achevées des années
auparavant, et que furent peints Broadway Boogie-Woogie et Victory Boogie-Woogie,
sensuels et jazzy, même Mondrian devint décoratif.
Le minimalisme aussi, a souvent opéré dans le royaume du décoratif, malgré son flirt avec le
sublime et son désir de totalité. La rigueur du minimalisme met en place une situation qui
appelle à transgresser, à rompre avec une lecture univoque. Quand Donald Judd insère une
plaque de plexiglas violet et brillant dans un cube de cuivre ouvert, ou quand Dan Flavin fait
baigner une salle dans des flots de lumière brillante subtilement colorée, la logique rigide et
l’unité sont bouleversées ; la beauté fait sécession pour se tenir en marge de la structure, du
matériau et du concept.
Le minimalisme est aussi acquis à l’impulsion décorative parce qu’il rejette ce qui est
manifestement personnel. Dans l’abstraction, ce qui est personnel et qui n’a pas été tempéré
par l’ironie, s’est transformé pour signifier le moi, l’individu – métaphore de l’autonomie et de
l’unité de la peinture. Par exemple, les premières peintures minimales de Brice Marden, avec
leurs surfaces cirées, sensuelles, lentes, sont plus décoratives (et à mes yeux, plus réussies)
que son oeuvre gestuelle récente. Ce travail est honnête, élégant (quoique suffisamment
gauche pour paraître « authentique ») et ne dit fondamentalement rien qui ne l’ait été
quarante ans auparavant.

Pour que l’abstraction s’inscrive comme doublure de l’artiste, dans une relation bi-univoque
entre la conscience et la toile, cela implique un romantisme démodé, un sentiment de l’artiste
héroïque (le plus souvent masculin) engagé dans une lutte (presque toujours vaine) contre
un monde qui résiste ou contre la toile, métaphore de ce monde. Exprimée de cette façon,
cette construction mentale apparaît évidente et banale, une image-cliché pour le cinéma. Les
artistes ne sont pas vraiment comme ça, et pourtant cette position rhétorique, modifiée pour
être un peu plus crédible, est une de celles qui forcent encore l’attention. Le plaisir, le trait
d’esprit, l’espièglerie, et la beauté – caractéristiques plus féminines et qui se rapportent
davantage au décoratif – sont plus difficiles à faire passer. Ce sont, bien sûr, des éléments
de la sphère personnelle, mais de second ordre. Ils ne constituent pas un exemple
approprié.

Ce dont il n’a pas été question ouvertement ces dernières années, c’est le caractère moral
évident de l’abstraction, sujet auparavant tenu en haute estime. Si l’abstraction représente
l’individu, alors cette abstraction partage vraisemblablement les mêmes attributs moraux et
éthiques que son créateur, et spectateur idéal. L’indépendance masculine est une vertu
morale majeure en Amérique. Est-il alors si étrange que Clément Greenberg prescrive à la
peinture l’autonomie formelle et l’autodétermination ? (Le ton très moralisateur de
l’abstraction n’a pas entièrement disparu. Au printemps dernier, le titre de la grande
exposition du musée Guggenheim était : L’abstraction au XXe siècle : risque total, liberté,
discipline. C’est une citation de Eva Hesse, d’une femme donc, mais encore sur le mode
satisfait de soi, dur à cuire existentialiste.)

S’éloigner de l’indépendance supposée et de la singularité, créer une peinture complexe, en
couches – doublée et brouillée par l’ironie, le décalage, le calcul, la répétition et les
références – c’est flirter avec la dépendance, être pris et virtuellement perdu dans le tissu
plus vaste de l’information et des inter-relations. C’est solliciter le féminin, le non-rigide, le
souple, le décoratif ; c’est rechercher un genre de force différent.

Cette recherche est condamnée à engendrer le malaise, car l’abstraction, particulièrement
après la Seconde Guerre mondiale, a hérité d’un lourd fardeau. Disperser ses énergies,
perdre son objectif et son caractère sérieux, serait perdre ostensiblement son intégrité et sa
pertinence. Le problème est que l’abstraction ne fait déjà plus que cela. L’abstraction
traditionnelle a perdu sa position dominante, à supposer que cela existe encore. Il semble
assez évident, si des questions « importantes » doivent être abordées, que le public se
tournera plutôt vers quelqu’un du genre de Damien Hirst, capable de présenter des idées
simplistes avec un panache digne du cinéma. Il est cependant très difficile de renoncer au
prévisible, au train train quotidien. L’académisme, après tout, n’apparaît tel qu’après coup.
Une formulation nouvelle de l’abstrait décoratif ne demande pas seulement une
reconfiguration de l’art actuel, mais aussi de réexaminer le passé. Les grandes expositions
récentes de Matisse, de Mondrian et des Fauves ne peuvent pas manquer d’influencer de
manière subtile mais réelle la pratique actuelle ; présenter dans un contexte contemporain et
en masse des oeuvres qui présentent un tel intérêt intellectuel et une telle force viscérale
change à la fois le spectateur et ce qui est offert au regard.

Le passé le plus récent réclame un nouvel examen. Les aspects décoratifs et disjonctifs du
minimalisme devraient être explorés, de même que les domaines où une méthodologie
obsessionnelle crée un désir d’ambiguïté et de cohérence, impossible à réaliser, et où l’écart
entre le désir et la réalisation crée une zone à la fois très chargée d’angoisse et de plaisir. Á
cet égard, je pense aux peintures noires de Ad Reinhardt, à Roman Opalka et ses
dénombrements infinis, aux débauches de perspectives des proto-cyberespaces de Al Held
et aux peintures de photoréalistes comme Ralph Goings, Richard Estes et Robert Bechtle –
peintures qui, malgré leur sujet manifeste, sont ontologiquement abstraites.
Il est important de réévaluer des mouvements qui ont associé le décoratif, le syntaxique et le
référentiel, en particulier, Supports/Surfaces en France, et Pattern and Decoration en
Amérique. Le travail de Claude Viallat, celui de Noël Dolla, de Valérie Jaudon et de Joyce
Kozloff semblent encore plus d’actualité qu’ils ne l’étaient à la fin des années 60 et 70. De
plus, des peintres plus anciens, qui ont poursuivi leurs recherches dans la ligne de Matisse,
devraient être reconnus comme ils le méritent. Il existe, à cet égard, un lien France-
Amérique. Deux des meilleurs sont Shirley Jaffe et Jack Youngerman. Youngerman s’est
formé à Paris et Shirley Jaffe y vit toujours. Aujourd’hui, de nombreux artistes travaillent dans
l’arène complexe que j’ai décrite. On trouve entre autres Polly Apfelbaum, Christian
Bonnefoi, Stephen Ellis, Shirley Kaneda, David Reed et Philip Taaffe. Je suis moi aussi
engagé dans ces questions, dans ma peinture.

La certitude et la totalité sont des qualités auxquelles on aspire traditionnellement.
Cependant, le désir importe moins que les moyens mis en oeuvre pour le satisfaire. Ce n’est
pas une raison, parce que quelque chose a bien marché auparavant de le reprendre
indéfiniment. La culture s’est remodelée, et quoique l’ajustement ne soit jamais facile, c’est à
la peinture de s’adapter aux conditions actuelles. Les choses sont maintenant plus
interconnectées et plus dispersées que jamais. Il me semble que l’abstrait décoratif fournit la
structure flexible nécessaire pour produire du sens et, ce qui est plus important, pour
produire un art dont la matière est le monde dans lequel nous vivons actuellement.

New York, septembre 1996.
Richard Kalina
Traduction : Gilles Courtois



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IRP (273) BAADER MEINHOF WAGEN

Le dispositif PR-INTER (273) B.M.W. se
présente suivant quatre muraux de peinture pour
quatre cimaises. Sur la base des surfaces
données trois motifs distincts ont été agencé
séparément sur trois cimaises attenantes. Le
nombre de motifs ainsi que leurs dispositions
et leurs marges sont déterminés par
l’espace des opérations. Le dernier mur est
consacré au DECA, littéralement
«déconstruction-calibrage.»
Celui-ci représente le processus
suivant lequel les trois motifs sont agencés.

Les gabarits et futurs motifs sont tirés du volume
(le body) d’une B.M.W. 2002 tii produite entre
1972 et 1974, et la couleur de série lui étant
attribué ici est le vert Agave de la firme Bavaroise.

Baader Meinhof Wagen est le surnom donné à
cette voiture devenue légendaire. Durant les année
70’s elle fut l’un des muscle cars utilisés par
le Baader-Meinhof Gang ou Rote Armee Fraktion.

A l'époque, ce véhicule correspondant plutôt à
la classe moyenne élevée de la R.F.A. pouvait
induire une certaine contradiction dans les termes.
Revendication marxiste et voiture «Neue Klasse»
révélait en apparence d'un jeu de dupe à la fois pour
l'image de marque B.M.W. mais également pour
sa clientèle. Elle était assimilée (à défaut) à la fraction
anti-impérialiste, notamment lors des barrages
de police installés pour capturer la R.A.F. et par
les informations relayées par les médias.

Bien que ce litige repose sur une duplicité de fond,
le comportement décomplexé des différentes parties
(classes sociales) travaillent de concert. De la nouvelle
classe émergeant (libérale), au jeunisme compulsif
révolutionnaire (libertaire), et à la grande industrie
(le capital), le consensus fait l'unanimité. En confortant
les convictions de l'un (apparences offensives du complexé)
il assure la bonne conscience de l'autre (libéralisation légitime
des marchés au frais du complexé).

Par contamination de fait ou tout simplement par Praxis
"Baader-Meinhof" créait une confusion de classe. Ce qui peut
s’apparenter dans l’usage à un genre pictural lorsque
l’on parle de peinture monochrome*.


* la notion du Décoratif et ses redondances esthétiques versus le concept marketing Cocoon de la décoration d’ameublement


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L’ancrage

1/ L’idée de cette pièce vient de la recherche
de nouveau dispositif de peinture dans un souci
d’expansion du code sans message.
Mon propos relève moins d’une rupture que
d’une poursuite, et plus précisément encore
d’une suite : Celle de B.M.P.T. et son degrés zéro
de la peinture. A ce repère du représentable
et de ces tenants-lieux, j’engage ou ré-injecte
une peinture au premier degrés.
En ne conservant que les données intrinsèques
relatives aux quatre pratiques. Ainsi sont convoqués
l’échelle chez Buren, la signature chez Mosset,
la désensibilisation chez Parmentier, et la
touche chez Toroni.


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2/ Dans la conception de ce projet d'installation, il est
à la fois question d'une révision de la forme et de
son trop-plein de fonctions. Le processus imite
un contexte dans sa globalité. Dans la ponctuation
qui lui est donné les apparences subversives
de l'écart et du détournement ne sont que les apories
d'une spéculation subjective du sens
(conformité vs marginalité).

Mobilisant ici le matériel pour ce qu’il n’est pas
«le tableau», j’induis un changement de rapport
de forme dans l'espace de représentation.
Autrement dit, ici la peinture n'est plus que l'image
de la porte, du rideau, et de l'obscurité(1), de ce
qu'il n'y a plus à voir. Suivant au sens de
l'aphorisme d'Harold Rosenberg sur les filiations
intimes de trois regards aiguisés. Mon geste est dans
l'absence même d'une revendication idéale, il ne rejoue
que cette idéalité avec les normes en vigueur.



















































A l’origine de cette proposition maquillée, il y a le
B.M.W. ART CAR du pilote et actionnaire français
Hervé Poulain. Celui-ci invite depuis 1975
un artiste pour faire une peinture sur un modèle
de la marque allemande, parmi lesquels on
retrouve Calder, Stella, Warhol, Rauschenberg,
Hockney, Baldessari... Mon geste à rebours vient
contrecarrer cette fétichisation de l’objet en s’affichant
comme un négatif du collector. Il s’agit de faire
du décoratif un marqueur d’espace à l'inverse de
la banalisation du refoulé (le fétichisme) :
Une révolution au accent du Renoncement (Tao)
médiée par l'injonction de l'éternel présent de 
l'économie politique et de ses spéculations
idéologiques (les révolutions culturelles).
A cela corrobore le titre de la pièce, et la fausse
norme ISO(2) lui étant attribué.

1. “Newman shut the door, Rothko drew the shade, and Reinhardt turned out the lights.” Harold Rosenberg, 1963
2. code ISO de l'Allemagne : 276





La BMW 2002 tii

La B.M.W. 2002 tii était l’édition très performante et
limitée de la ligne de modèle d’automobile 2002. C’était
une berline sportive à deux portes basée sur la B.M.W.
à quatre portes 1500 de 1961. Elle est produite de 1972
à 1974.

La série 2002 de B.M.W. est importante dans l’histoire
de la marque pour plusieurs raisons. D’abord pour
ce qu’elle a apporté à la société tout près de la faillite
dans les années 1960, mais également pour avoir mis
la marque bavaroise sur la carte aux États-Unis. C’est
l’ancêtre de la B.M.W. Série 3 produite de 1968 à 1976.

L’importateur B.M.W. allemand Max Hoffman est associé
à la création de la voiture. Il avait suggéré au
directeur d’ingénierie de la marque qu’un moteur 2.0 l.
essence devrait être installé dans les petits 1600-2 à
deux portes pour améliorer ces performances. Le directeur
d’ingénierie a soutenu qu’un plus gros moteur
n’irait pas, mais Hoffman a persisté malgré le refus de
son projet. Il a pris personnellement l’affaire en main
avec l’aide du pilote Georg Meier pour l’installation du
nouveau moteur. Presque immédiatement, cette transformation
apportée à la 2002 fut un succès commercial
dès sa première année en vente aux États-Unis.

La 2002 est à l’origine de la catégorie des berlines sportives
compactes, une catégorie largement répendue
maintenant tout autant chez des marques allemandes,
japonaises et américaines. Elle est la caractéristique
des petites berlines 2 portes avec des moteurs très performants,
des suspensions et des qualités semblables
aux voitures sportives.


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                                                                                                                                 Artforum(June,1967)




                                                                                                                                                 Sol Lewitt
                                                                                                              Paragraphs on Conceptual Art


The editor has written me that he is in favor of avoiding “the notion that  the artist is a kind of ape that has to be explained by the civilized  critic”. This should be good news to both artists and apes. With this assurance I hope to justify his confidence. To use a baseball metaphor (one artist wanted to hit the ball out of the park, another to stay loose at the plate and hit the ball where it was pitched), I am grateful for the opportunity  to strike out for myself.

 I will refer to the kind of art in which I am involved as conceptual art. In conceptual art the idea or concept is the most important aspect of the work.  When an artist uses a conceptual form of art, it means that all of the planning and decisions are made beforehand and the execution is a perfunctory affair. The idea becomes a machine that makes the art. This kind of art is not theoretical or illustrative of theories; it is intuitive, it is involved with all types of mental processes and it is purposeless. It is usually free from the dependence on the skill of the artist as a craftsman. It is the objective of the artist who is concerned with conceptual art to make his work mentally interesting to the spectator, and therefore usually he would want it to become emotionally dry. There is no reason to suppose, however, that the conceptual artist is out to bore the viewer. It is only the expectation of an emotional kick, to which one conditioned to expressionist art is accustomed, that would deter the viewer from perceiving this art.

 Conceptual art is not necessarily logical. The logic of a piece or series of pieces is a device that is used at times, only to be ruined. Logic may be used to camouflage the real intent of the artist, to lull the viewer into the belief that he understands the work, or to infer a paradoxical situation  (such as logic vs. illogic). Some ideas are logical in conception and  illogical perceptually. The ideas need not be complex. Most ideas that are successful are ludicrously simple. Successful ideas generally have the appearance of simplicity because they seem inevitable. In terms of ideas the artist is free even to surprise himself. Ideas are discovered by intuition.  What the work of art looks like isn’t too important. It has to look like something if it has physical form. No matter what form it may finally have it must begin with an idea. It is the process of conception and realization with which the artist is concerned. Once given physical reality by the artist the work is open to the perception of al, including the artist. (I use the word perception to mean the apprehension of the sense data, the objective understanding of the idea, and simultaneously a subjective interpretation of both). The work of art can be perceived only after it is completed.

 Art that is meant for the sensation of the eye primarily would be called perceptual rather than conceptual. This would include most optical, kinetic, light, and color art.

 Since the function of conception and perception are contradictory (one pre-, the other post fact) the artist would mitigate his idea by applying subjective judgment to it. If the artist wishes to explore his idea thoroughly, then arbitrary or chance decisions would be kept to a minimum, while caprice, taste and others whimsies would be eliminated from the making of the art. The work does not necessarily have to be rejected if it does not look well. Sometimes what is initially thought to be awkward will eventually be visually pleasing.

 To work with a plan that is preset is one way of avoiding subjectivity. It also obviates the necessity of designing each work in turn. The plan would design the work. Some plans would require millions of variations, and some a limited number, but both are finite. Other plans imply infinity. In each case, however, the artist would select the basic form and rules that would govern the solution of the problem. After that the fewer decisions made in the course of completing the work, the better. This eliminates the arbitrary, the capricious, and the subjective as much as possible. This is the reason for using this method.

 When an artist uses a multiple modular method he usually chooses a simple and readily available form. The form itself is of very limited importance; it becomes the grammar for the total work. In fact, it is best that the basic unit be deliberately uninteresting so that it may more easily become an intrinsic part of the entire work. Using complex basic forms only disrupts the unity of the whole. Using a simple form repeatedly narrows the field of the work and concentrates the intensity to the arrangement of the form. This arrangement becomes the end while the form becomes the means.

 Conceptual art doesn’t really have much to do with mathematics, philosophy, or nay other mental discipline. The mathematics used by most artists is simple arithmetic or simple number systems. The philosophy of the work is implicit in the work and it is not an illustration of any system of philosophy.

 It doesn’t really matter if the viewer understands the concepts of the artist by seeing the art. Once it is out of his hand the artist has no control over the way a viewer will perceive the work. Different people will understand the same thing in a different way.

 Recently there has been much written about minimal art, but I have not discovered anyone who admits to doing this kind of thing. There are other art forms around called primary structures, reductive, ejective, cool, and mini-art. No artist I know will own up to any of these either.  Therefore I conclude that it is part of a secret language that art critics use when communicating with each other through the medium of art magazines. Mini-art is best because it reminds one of miniskirts and long-legged girls.  It must refer to very small works of art. This is a very good idea. Perhaps  “mini-art” shows could be sent around the country in matchboxes. Or maybe the mini-artist is a very small person; say less than five feet tall. If so, much good work will be found in the primary schools  (primary school primary structures).

 If the artist carries through his idea and makes it into visible form, then all the steps in the process are of importance. The idea itself, even if not made visual, is as much a work of art as any finished product. All intervening steps –scribbles, sketches, drawings, failed works, models, studies, thoughts, conversations– are of interest.  Those that show the thought process of the artist are sometimes more interesting than the final product.

 Determining what size a piece should be is difficult. If an idea requires three dimensions then it would seem any size would do. The question would be what size is best. If the thing were made gigantic then the size alone would be impressive and the idea may be lost entirely. Again, if it is too small, it may become inconsequential. The height of the viewer may have some bearing on the work and also the size of the space into which it will be placed. The artist may wish to place objects higher than the eye level of the viewer, or lower. I think the piece must be large enough to give the viewer whatever information he needs to understand the work and placed in such a way that will facilitate this understanding. (Unless the idea is of impediment and requires difficulty of vision or access).

 Space can be thought of as the cubic area occupied by a three-dimensional volume. Any volume would occupy space. It is air and cannot be seen. It is the interval between things that can be measured. The intervals and measurements can be important to a work of art. If certain distances are important they will be made obvious in the piece. If space is relatively unimportant it can be regularized and made equal (things placed equal distances apart) to mitigate any interest in interval. Regular space might also become a metric time element, a kind of regular beat or pulse. When the interval is kept regular whatever is irregular gains more importance.

 Architecture and three-dimensional art are of completely opposite natures.  The former is concerned with making an area with a specific function. Architecture, whether it is a work of art or not, must be utilitarian or else fail completely. Art is not utilitarian. When three-dimensional art starts to take on some of the characteristics, such as forming utilitarian areas, it weakens its function as art. When the viewer is dwarfed by the larger size of a piece this domination emphasizes the physical and emotive power of the form at the expense of losing the idea of the piece.

 New materials are one of the great afflictions of contemporary art. Some artists confuse new materials with new ideas. There is nothing worse than seeing art that wallows in gaudy baubles. By and large most artists who are attracted to these materials are the ones who lack the stringency of mind that would enable them to use the materials well. It takes a good artist to use new materials and make them into a work of art. The danger is, I think, in making the physicality of the materials so important that it becomes the idea of the work (another kind of expressionism).

 Three-dimensional art of any kind is a physical fact. The physicality is its most obvious and expressive content. Conceptual art is made to engage the mind of the viewer rather than his eye or emotions. The physicality of a three-dimensional object then becomes a contradiction to its non-emotive intent. Color, surface, texture, and shape only emphasize the physical aspects of the work. Anything that calls attention to and interests the viewer in this physicality is a deterrent to our understanding of the idea and is used as an expressive device. The conceptual artist would want o ameliorate this emphasis on materiality as much as possible or to use it in a paradoxical way (to convert it into an idea). This kind of art, then, should be stated with the greatest economy of means. Any idea that is better stated in two dimensions should not be in three dimensions. Ideas may also be stated with numbers, photographs, or words or any way the artist chooses, the form being unimportant.

 These paragraphs are not intended as categorical imperatives, but the ideas stated are as close as possible to my thinking at this time. These ideas are the result of my work as an artist and are subject to change as my experience changes. I have tried to state them with as much clarity as possible. If the statements I make are unclear it may mean the thinking is unclear. Even while writing these ideas there seemed to be obvious inconsistencies (which I have tried to correct, but others will probably slip by). I do not advocate a conceptual form of art for all artists. I have found that it has worked well for me while other ways have not. It is one way of making art; other ways suit other artists. Nor do I think all conceptual art merits the viewer’s attention.  Conceptual art is good only when the idea is good.





Sentences on Conceptual Art



  1. Conceptual artists are mystics rather than rationalists. They leap to conclusions that logic cannot reach.
  2. Rational judgements repeat rational judgements.
  3. Irrational judgements lead to new experience.
  4. Formal art is essentially rational.
  5. Irrational thoughts should be followed absolutely and logically.
  6. If the artist changes his mind midway through the execution of the piece he compromises the result and repeats past results.
  7. The artist's will is secondary to the process he initiates from idea to completion. His wilfulness may only be ego.
  8. When words such as painting and sculpture are used, they connote a whole tradition and imply a consequent acceptance of this tradition, thus placing limitations on the artist who would be reluctant to make art that goes beyond the limitations.
  9. The concept and idea are different. The former implies a general direction while the latter is the component. Ideas implement the concept.
  10. Ideas can be works of art; they are in a chain of development that may eventually find some form. All ideas need not be made physical.
  11. Ideas do not necessarily proceed in logical order. They may set one off in unexpected directions, but an idea must necessarily be completed in the mind before the next one is formed.
  12. For each work of art that becomes physical there are many variations that do not.
  13. A work of art may be understood as a conductor from the artist's mind to the viewer's. But it may never reach the viewer, or it may never leave the artist's mind.
  14. The words of one artist to another may induce an idea chain, if they share the same concept.
  15. Since no form is intrinsically superior to another, the artist may use any form, from an expression of words (written or spoken) to physical reality, equally.
  16. If words are used, and they proceed from ideas about art, then they are art and not literature; numbers are not mathematics.
  17. All ideas are art if they are concerned with art and fall within the conventions of art.
  18. One usually understands the art of the past by applying the convention of the present, thus misunderstanding the art of the past.
  19. The conventions of art are altered by works of art.
  20. Successful art changes our understanding of the conventions by altering our perceptions.
  21. Perception of ideas leads to new ideas.
  22. The artist cannot imagine his art, and cannot perceive it until it is complete.
  23. The artist may misperceive (understand it differently from the artist) a work of art but still be set off in his own chain of thought by that misconstrual.
  24. Perception is subjective.
  25. The artist may not necessarily understand his own art. His perception is neither better nor worse than that of others.
  26. An artist may perceive the art of others better than his own.
  27. The concept of a work of art may involve the matter of the piece or the process in which it is made.
  28. Once the idea of the piece is established in the artist's mind and the final form is decided, the process is carried out blindly. There are many side effects that the artist cannot imagine. These may be used as ideas for new works.
  29. The process is mechanical and should not be tampered with. It should run its course.
  30. There are many elements involved in a work of art. The most important are the most obvious.
  31. If an artist uses the same form in a group of works, and changes the material, one would assume the artist's concept involved the material.
  32. Banal ideas cannot be rescued by beautiful execution.
  33. It is difficult to bungle a good idea.
  34. When an artist learns his craft too well he makes slick art.
  35. These sentences comment on art, but are not art.







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